A la base, une visite au cimetière un 31 octobre, veille de la fête des morts. A cette date, un spectacle inouï : des fleurs à perte de vue. Scène de couleurs et de vie, qui ranime ce lieu généralement morne et vide. Malheureusement, spectacle éphémère : jusqu’à ce que les fleurs fanent, jusqu’à l’année prochaine, où l’on couvrira à nouveau les tombes.
A cette vue, une envie : fleurir toutes les tombes. Désir ou sensation absurde et impossible : les fleurir à jamais, pour qu’aucune tombe, laissés à l’abandon, ne paraissent oubliés.
Une alternative : ces feuilles de journaux ; ces pages nécrologiques.
Tout aussi éphémère que les fleurs, ayant pour seul but, l’annonciation d’une perte. Signalé en même temps que des faits divers : vols, accidents,... Et des réclames pour les pompes funèbres.
Alors, fleurir ces pages éphémères, ces pages nécrologiques, les fleurir de gravure qui ne pourront jamais faner.
Projet utopique. Voué à être infini. Mais une sorte de réponse à une sensation et le reflet de la vie, de l’inéluctable, et de l’impossible maitrise…
A la date de juin 2020, série de 11 impressions
Taille : 47 cm x 32 cm
Gravure (linogravure et encre à l’eau Charbonnel)
Préambule :
Un pincement au cœur récurrent en voyant des tombes à l’abandon, et puis un jour, une visite au cimetière un trente-et-un octobre. Alors, une autre image s’est présentée à moi. Les tons grisâtres des pierres tombales se sont transformés en parterre de fleurs de mille couleurs. Cette vision m’a bouleversée et n’a fait que renforcer ma peine pour les pierres laissées en friche.
J’aurais semblé folle de vouloir déposer ne serait-ce qu’une fleur pour de parfaits inconnus ? Certainement… Une réponse à cette sensation est alors née.
Fleurir les pages nécrologiques des quotidiens. Ces pages, où se bousculent les réclames des pompes funèbres, les faits divers et les accidents, à côté des annonces de décès, souvent communiquées avec les mêmes formules toutes faites. Ces pages destinées à être aussi vite jetées habituellement.
Les conserver, les fleurir, donner une autre existence à ces pages, ces photos et ces textes.
Dans ce projet, je trouvais une manière de transformer ce cérémonial funéraire, souvent sombre, en une existence particulière.