« [...] elle est la première lauréate du Prix Art Contest 2021. A cette occasion, elle présentait à l'Espace Vanderborght à Bruxelles une installation empreinte de poésie et d'empathie portant sur la condition humaine. Son actualité à venir démontre qu'à l'heure où la crise sanitaire connaît une nouvelle recrudescence, le besoin de renouer avec des récits allégoriques capables d'extérioriser les souffrance se fait, plus que jamais, sentir.
»
« La première lauréate [ArtContest2021], l'artiste belge Eloïse Lega, a 25 ans. Elle a étudié la gravure et les arts numériques et enseigne aujourd'hui des matières artistiques. Elle crée une oeuvre plastique sensible traversée par une attention à l'humain, engagé dans la vie fragile et éphémère ou entravé dans une libre circulation par les barrière et les frontières.»
De ses trois oeuvres exposées, nous retiendrons plus particulièrement « Allumettes », son installation métaphorique d’allumettes, finement gravées sur leurs quatre faces, nous révélant les identités (noms, prénoms, sexe, pays d’origine) et les causes du décès de 250 migrants tragiquements disparus.
Je pense à toi est une œuvre qui ravive le souvenir d’un être disparu. Un petit coffre contient une montre déposée sur un coussinet. Elle repose telle une tête sur une oreiller. Le temps est arrêté quand la boîte est fermée. Les aiguilles s’animent quand une main soulève le couvercle de la boîte à bijoux ranimant la mémoire d’une personne qui n’est plus.
Art Contest propose dix nouveaux talents à découvrir et une lauréate qui nous interpelle.
[...]
Le premier prix s'est imposé par la force politique et poétique de son travail autant que par le soin porté à développer son propos.
Le temps d’une allumette
Eloïse Lega travaille sur l’idée de la trace. Traces d’événements, de paroles, de sentiments voués à être effacés par le temps. Elle présente 3 œuvres...
[...] Eloïse Lega (1996) propose trois
oeuvres distinctes et complémentaires.
D’abord, une montre qui, à la manière
des boîtes à musique, ne se met en
marche que lorsqu’on ouvre le petit coffret
dans lequel elle est conservée. Appartenant
à une personne disparue, elle
symbolise le souvenir de celle-ci qui lui
permet de revivre en déclenchant le
mouvement des aiguilles.
Sur un écran, elle a placé des cartes d’atlas scolaires montrant la Méditerranée. Quand on les éclaire, on voit apparaître une tout autre carte avec les lieux où ont péri ces milliers de migrants. La mer, devenue cimetière englouti, se couvre alors de signes noirs.
De la petite fille du conte d’Andersen, Eloïse Lega (1996) n’a conservé que les allumettes et une symbolique de parabole.[...]
Ici, plongée dans la réalité de ces dernières années, cette chose banale devient l’avatar des centaines de migrants qui tentent un exil vers l’Europe. [...] Mieux qu’à travers un discours, se révèle la tragédie de ceux qui perdent leur vie pour un espoir vain de paradis.